Quand Gilles Bindi racontait Philippe Sollers
« Philippe Sollers, L’Homme Lumière », film reportage réalisé par Gilles Bindi en 2010, a vu sa côte de popularité sur YouTube grimper en flèche à la mort récente de cet homme singulier. Il est vrai que Gilles Bindi est un artiste talentueux. Depuis toujours, Sollers me fascine, plus encore aujourd’hui. Face à la caméra, l’homme est à l’aise, humain, pas puant, et il en va de même de son épouse, Julia Kristeva…bien loin des racontars. L’homme est obsédé d’écriture, c’est toute sa vie. Il a choisi un lieu, l’île de Ré, celle de ses ancêtres, pour la possibilité de s’y concentrer, loin de l’ESSEC quittée en fin de première année et de l’agitation germanopratine. « Je me suis faufilé dans l’existence sans travailler, parce qu’on ne peut pas dire que l’écriture, ce soit un travail, c’est un jeu ! » Plus loin : « Comme le dit Oscar Wilde, j’ai passé la matinée à ajouter une virgule, et l’après-midi à l’enlever », le film donnera sûrement du courage aux écrivains en herbe ! Après une journée typique passée par Kristeva et Sollers à écrire dans la même pièce, se tournant le dos, il leur était important de pouvoir se parler encore et encore en picolant. Quant à Dominique Rolin, l’amante parallèle (on peut être amoureux de deux et même de plus de deux personnes, dit Sollers), avec quasiment le même écart d’âge, elle a fait du Brigitte Macron avant l’heure, et a gardé jusqu’à la mort - à quatre-vingt-dix-huit ans - son lien avec Sollers …Hélas pas une seule allusion, pas un mot, sur David Joyaux, le fils de Sollers et Kristeva, pourquoi ? Je suis triste m’imaginant David, diminué depuis la naissance par une maladie neurologique, visionnant le film et ne se trouvant pas… Humain général, Charles de Gaulle vouait à Anne, sa fille trisomique, une tendresse sans fin dont il n’avait pas de pudeur à faire état. Dois-je comprendre entre les lignes que le lien familial chez les Joyaux-Kristeva est plus pudique ? Sollers le singulier n’est plus là pour répondre.
