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Lac Wakatipu














Tu dois dire comme ça te fait du bien d’être au bord de ce lac, seul à l'autre bout du monde, à voir passer la neige qui descend du ciel et nourrit le lac, qui recouvre les collines autour du lac, qui couvre le bruit du clapot, le bruit du water taxi. Tu dois dire à quel point ces séances, seul face à toi-même, te libèrent. Tu dois dire à quel point l'isolement te donne les ailes de réfléchir. Tu dois dire la beauté de ce lieu. Au moins, garde-la pour toi, pour qu’elle t'inspire et qu'au retour à Paris tu puisses avoir la beauté de ces paysages imprimée comme une photo qui ne s’en ira pas.

 

Tu t’es pris toi-même avec l’Iphone. Tu as essayé de sourire le plus possible. Tu t’es dit qu’il fallait passer à autre chose. Et ce lieu t’inspire. Ce clapot permanent et le caractère immaculé de ces collines qui tombent dans le lac, ces montagnes enneigées qui contiennent des stations de ski dans lesquelles tu n'iras pas. Tu peux dire la joie d'avoir retrouvé Hermann Hesse. Elle t’est venue lorsque tu marchais, tu courais. Il pleuvait sur ta tête et tu pensais à la sauvagerie de cet instant qui est le tien, et tu te disais que d’autres avant avaient couru, des continents entiers.

 

Quel était le nom de ce garçon du Danemark qui avait couru pendant des jours et des mois et des années et s’était fait payer pour ça ?

 

Tu te souvenais d’un seul coup de Peter Camenzind, un agriculteur. C'est sans doute Simon avec qui tu as dîné hier, pêcheur, conducteur de bus, agriculteur jardinier qui t'accueille au bord de ce lac qui t'a fait te souvenir de cette découverte littéraire quand tu avais toi-même 25 ans, l’âge de Peter Camenzind. Et tu t’es effectivement souvenu de ce qui te liait à cette course effrénée dans la montagne. Tu as pensé à Laurent, parti il y a 15 ans, qui courait dans la montagne, qui courait sur les rochers, qui courait en escaladant et en descendant. Tu penses à Laurent fort, et tu penses à ces montagnes dans lesquelles les corps des alpinistes se fondent, sous la carapace de l'avalanche quand elle tombe, provoquée par le tremblement de terre si courant dans cette partie du monde.


Tu te demandes comment faire paysage plus pur. Tu te dis, oui c'est ça, c'est pour ça, c'est pour ça que je suis venu.

Il n’y a personne. Je suis sur un banc public. Il n’y a personne. Personne ne viendra, il n’y a personne ici. Il ne fait pas assez beau et les gens achètent des activités qu'ils ont commandées sur Internet depuis leur Chine natale, leur Australie d'adoption, ces businessmen et businesswoman qui parlent le mandarin et qui viennent faire de la tyrolienne, de l'hélicoptère, du bendji, pendant que moi je marche de l’autre côté de la rive au milieu de personne. Il n’y a même pas la faune. Il n’y a même pas les prédateurs, puisque les prédateurs n’existent pas dans cette partie du monde. Je m'étais renseigné le premier jour où j'ai voulu marcher sur cette côte, la côte de ce lac. Il n'y a pas d'ours, il n'y a pas de foxes, il n'y a pas de renards, il n'y a pas de loups bien sûr, tout juste trois ou quatre lapins dérangés hier.

Quelle merveille.

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