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Mont Blanc, première rupture













Tu te demandais comment tu avais eu cette force-là, de traverser cette épreuve, d'accepter cette séparation, de mettre en place une nouvelle vie avec ses oscillations de chaque semaine. Comment tu avais fait pour traverser tout ça. Maintenant tu regardes ça et tu te dis, oui c'était bien, c'était terrible et c'était bien, c'était terrible et c'était nécessaire. Il fallait cette coupure, il fallait cette cassure, il fallait cette rupture.

Et tu te souvenais du Mont Blanc.

Quand tu fais ton sport dans la montagne, quand tu cours sur la pente, Laurent est avec toi, pourtant il est mort. Odile est avec toi, tu te dis qu'elle est morte à 45 ans et que tu vas lui permettre qu'on se souvienne d’elle, et donc tu penses à elle quand tu gravis le Mont Blanc, deux fois. Une fois sous le mauvais temps, le très mauvais temps, sous l'orage, avec un guide qui voulait l'argent que tu lui donnais.

Nous étions seuls, tous les deux, là-haut au Mont Blanc et il y avait l'orage. Et tu pensais, mais est-ce que c'est ça la mort, est-ce que ça va nous prendre ? Ça n’est pas possible. Tu n'as pas pensé plus d'un instant à ça et tout de suite tu as trouvé le refuge que lui ne voyait pas. Après, vous êtes redescendus dès qu’il y a eu un soupçon de lever des nuages. Tu étais contre. Vous êtes redescendus mais le guide s'est perdu à nouveau et toi tu as, à nouveau, crié et à nouveau indiqué par où partir, repartir, remonter là-haut dans le refuge que vous n'auriez pas dû abandonner. Et là l’éclaircie est arrivée et tu n'as plus eu à penser à Odile. Tu n'as plus eu qu'à descendre, éviter les crevasses, ne pas tomber dedans, de pas faire tomber ton guide dedans. Et vous avez marché vite, dans la neige très profonde, et vous êtes arrivés plus bas dans une espèce de civilisation montagnarde, ce grand refuge dans lequel est servi du Gamay et du vin de Bordeaux.

Tu en as pris plus que tu n'aurais dû. Tu étais ivre et tu dormais mal. L'altitude elle-même ne pouvait empêcher de dormir et le vin par-dessus a achevé de t'hypnotiser. Mais tu étais bien. Tu avais vaincu ce Mont Blanc seul avec ton guide.

Ce jour-là, personne n’était monté. Encore une fois, tu avais évité les hordes de touristes. Tu avais failli y rester. Après, chez la psy, c'était un grand sujet, ça revenait toujours, pourquoi avoir fait ça ? Toi-même tu ne le sais pas.

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