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Noël Herpe évoque Bernard Pivot



A la Maison de la Poésie hier soir, Noël Herpe présentait son dernier livre, « Ma vie avec Bernard Pivot ». Il était accompagné dans sa mise en scène par le pianiste-compositeur François Régis et par Zakary Bairi, acteur de vingt ans à peine, qui, lèvres fines surmontées d’une petite moustache surannée, m’apparut comme la touchante réincarnation de Raymond Radiguet, à moins que cela ne fût Arthur Rimbaud. Il manquait le principal intéressé, « mélange de Monsieur Loyal et de Monsieur Toulemonde », Bernard Pivot lui-même. Viendrait-il la prochaine fois ? Il faudrait prévoir une séance de rattrapage. J’ai souri, pouffé et goûté sans restriction le texte autobiographique, me suis remémoré certains moments culte de cette émission qui, semaine après semaine, année après année, tétanisait une certaine France bien mise - dont j’étais - évoquée avec justesse et cruauté par Noël Herpe. En particulier, la séquence avec Jeanne de Berg, pseudonyme dont on saurait plus tard qu’il permettait à Catherine Robbe-Grillet de préserver la réputation de son mari d’écrivain. Le visage à moitié dissimulé derrière une voilette noire, elle avait fasciné le jeune homme encore tremblant de libido que j’étais par la narration de ses parties fines dans des appartements bourgeois de la capitale. Michelle, la mère de Noël, découverte dans « Noël et sa mère », premier long métrage d’Arthur Dreyfus (présent lui aussi), avait assisté au spectacle ; qu’avait-elle éprouvé à l’évocation des addictions de feu son ex-mari, accro aux nouvelles radiophoniques et fidèle au rendez-vous d’Apostrophes chaque vendredi à vingt-et-une heure trente ? Que le poste de télévision aux couleurs des années soixante, important élément du décor, empêchait de visionner Noël vautré derrière lui sur un sofa, inséparable coupe de champagne en main ? C’était exact et j’avais en vain tenté de raccrocher cette péripétie à une volonté artistique un peu confuse de la part d’un auteur aimant surprendre et complexifier. De longues minutes après le spectacle, l’ambiance joyeuse répandue par les spectateurs dans la venelle du 157 rue Saint Martin me confirma que Noël Herpe avait réussi sa soirée. Il m’avait mis de bonne humeur pour une nuit qui ne faisait que commencer. Une fois remis, il me faudrait faire l’acquisition du livre, replonger dans ma jeunesse, rejoindre le plateau télévisé de Bernard Pivot, suggérer qu’on lui confère bien vite le statut d’Immortel.




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