Youssou et Malek libèrent le réalisateur Simon Frenay

Youssou et Malek, cela faisait de nombreux mois que j’attendais de vous rencontrer. Hier soir, au Festival Cinébanlieue, vous étiez là, sourires magnifiques, amoureux, assumés, aimés par votre cité. Gais. Interviewé par Miguel Shema pour le Bondy Blog (https://www.bondyblog.fr/cinema/youssou-et-malek-au-festival-cinebanlieue-je-voulais-raconter-une-histoire-amoureuse-heureuse-entre-deux-garcons/), Simon Frenay, réalisateur de Youssou et Malek, court métrage de 30’, explique que ses personnages lui auraient fait du bien s’il les avait rencontrés dans son enfance, alors que ne lui parvenaient que des images négatives de l’amour gay. On connaissait Simon Frenay pour ses rôles d’acteur mais aussi de « caster » dans les films d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau. Avant Frank Onana (Youssou) et Adam Hafsia (Malek), Simon Frenay avait été le découvreur de François Nambot et Geoffrey Couët pour Théo et Hugo (dans le même bateau). Ces deux-là sont inséparables depuis… Youssou et Malek débute alors que l’heure de la séparation est arrivée, inévitable tant l’enjeu est important pour Youssou, étudier à Berkeley. Pas Berklee (qui se prononce pareil), ce Berklee College of Music à Boston où Youssou-cliché serait batteur racisé des cités françaises, mais bien Berkeley comme l’UC Berkeley en Californie, Youssou se projette dans l’élite scientifique. Les clichés, Simon Frenay les chassent de son horizon. Pas de bien-pensance, un parti-pris de zénitude comme dans un rêve où l’homophobie n’existerait pas. Jusqu’à la police qui finit par succomber à l’émotion. Le spectateur non averti s’interroge. Le langage est sophistiqué, pourquoi les acteurs sont-ils si théâtraux ? Quand ils se mettent à chantonner, à danser, on est emporté comme dans un Christophe Honoré, ses Chansons d’amour. Beaucoup de générosité et de maîtrise dans ce film qui donne du baume au cœur. Aucun doute, Simon Frenay a sa carrière de réalisateur devant lui.